Marie Berthier
Marie Berthier (1923-2017)

Marie naît le 25 février 1923 à la Ville Piron au Lou-du-Lac. Ses parents, Marie Martinais (1887-1958) et Ferdinand Berthier (1881-1945), tenanciers d’un café/tabac à la Ville Piron achètent en 1924 pour 15 000 francs le château du Lou-du-Lac. La vie de château démarre pour Marie qui n’a que 20 mois. Sa mère installe le café/épicerie dans la pièce principale au rez-de-chaussée et son père, compagnon forgeron, construit son atelier contre le mur sud du château.

Ferdinand Berthier 1934
Marie Martinais 1957
Marie Martinais 1957

Marie grandit entourée de ses parents, de ses proches voisins, de la clientèle locale et de quelques touristes. L’école est juste au bout du chemin (l’ancienne mairie).

1929, à l’école du Lou
1929, à l’école du Lou, Marie est facilement reconnaissable dans sa blouse à carreaux !
1930, près de l’étang, Marie avec ses longues tresses avec peut-être des clients de passage
1930, près de l’étang, Marie avec ses longues tresses avec peut-être des clients de passage

En 1935, âgée de 11 ans, elle part en internat à Montauban-de-Bretagne, à 5 km du château puis à Breteil à une quinzaine de km ;  pour des études de couture. Apprenant que sa fille vit difficilement cet éloignement, son père lui écrit ces quelques mots pour l’encourager.
Lettre
Lettre
En 1936 (année de l’arrivée au pouvoir du Front populaire et de la mise en place des congés payés en France), les parents de Marie ouvrent une auberge de jeunesse, ce qui n’est pas courant pour l’époque, et absolument extraordinaire dans un château. Les trois pièces à l’étage, aménagées d’une vingtaine de lits ainsi qu’un « camping », accueilleront des vacanciers l’été au château. L’activité prend fin avec l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands ne partageant pas ces mêmes idéaux…

1937 (circa) - 3 1936-12-10

Durant cette période de guerre, Marie travaille avec ses parents. Les Allemands installés au château du Plessis Botherel, sur la route de Landujan, se rendaient régulièrement au château. Ils avaient reconstruit le pont entre le château et la basse-cour; celui -ci s’effondra et dut être réédifié après guerre. Marie, se souvenant, nous parlait d’un jeune soldat allemand qui venait coudre sur sa machine de temps en temps, et surtout d’un autre qui au moment de la débâcle, un jour qu’elle se rendait à Landujan chercher du pain lui avait volé son vélo : malgré ses vives protestations, elle n’avait pas réussi à le récupérer…

Juin 1940 – Marie avec sa mère et le chien Turc
Juin 1940 – Marie avec sa mère et le chien Turc
Juin 1940-Ferdinand Berthier devant sa forge
Juin 1940-Ferdinand Berthier devant sa forge

Le père de Marie meurt en mai 1945 à l’âge de 63 ans. Marie, âgée de 22 ans, poursuivra l’activité du bar/épicerie avec sa mère. C’est à nouveau une période très vivante où des locataires habiteront de longues périodes au château, dont un cordonnier et Jean Aubry, ancien ouvrier de Ferdinand Berthier : ce dernier prendra la suite de la forge jusqu’en 1958. Une douzaine d’enfants sont nés au château et deux d’entre eux, les petits Aubry, y passeront une partie de leur enfance. Pendant une vingtaine d’années, des vacanciers loueront à nouveau des chambres l’été, et les toiles de tentes viendront s’installer elles aussi aux beaux jours tout près du château, laissant de grands souvenirs à ces personnes ; acceptant pour un laps de temps le confort réduit que leur offrait ce lieu.

Marie Martinais (1957)
Marie Martinais (1957)
Marie Berthier (1960)
Marie Berthier (1960)

Marie Martinais, meurt en janvier 1958, Marie se retrouve seule. Durant 55 années, elle tiendra commerce dans son château, lieu incontournable accueillant les habitués, les locaux, les curieux, les tout jeunes mariés pour les vins d’honneur et la traditionnelle photo sur le perron. Puis elle arrête progressivement l’élevage des animaux et ensuite l’épicerie lors du passage à l’euro.

En 2014, une mauvaise chute l’oblige à quitter le château et à s’installer à la maison de retraite de Montauban-de-Bretagne. Cette même année, pour ses 90 ans, Marie sera faite citoyenne d’honneur. Et parce qu’on n’a pas 90 ans tous les jours, un livre à son honneur sera édité !

Durant ces trois dernières années, notre châtelaine revient, accompagnée des membres de l’association Chez Marie, deux après-midis par semaine au château pour y retrouver son chien, Brutus, gardien du château. Toujours partante, jamais résignée, Marie monte les marches de son perron jusqu’à ses 94 ans.

Le 30 décembre 2017, Marie s’éteint à la maison de retraite aux Grands Jardins. Après une vie bien remplie, elle repose aujourd’hui auprès de ses parents, au cimetière du Lou-du-Lac.
Aujourd’hui, Marie vit dans nos souvenirs et dans nos cœurs et c’est avec beaucoup d’émotion que l’association Chez Marie se prépare à relancer l’activité du bar !