Le château du Lou-du-Lac
À quelques kilomètres de Montauban, au Lou-du-Lac, dans un cadre romantique, s’élève à côté d’une église millénaire un château du xviie siècle aux origines médiévales. Au xxe siècle, il devient un sympathique café-épicerie campagnard tenu par une châtelaine pour le moins originale !
Les Méel, premiers seigneurs du Lou
Les premiers seigneurs du Lou, attestés depuis 1329 et dès l’origine vassaux des Montauban, sont les Méel. Cette famille de chevaliers résidait probablement aux xie-xiie siècles sur une motte, encore visible aujourd’hui et dont le fossé est alimenté en eau par l’étang, ancienne carrière d’extraction de calcaire coquillier, qui a entamé partiellement cette butte de terre sur laquelle a pu anciennement être construite une tour en bois.
À la fin du Moyen-Âge, les Méel habitaient dans un hebergement ou un hotel, termes désignant une maison-forte ou un manoir, probablement dès cette époque en pierre mais qui n’a pas été localisé : près de la motte, ou déjà à l’emplacement du château actuel ?
Le château du XVIe siècle
Par son mariage avec Jeanne de Méel, Arthur de la Lande, homme d’arme d’Anne de Bretagne, fils de Macé, gouverneur de la Gravelle en 1450, devient seigneur du Lou, à l’origine d’une lignée possédant le château jusqu’au début du xviiie siècle. Leur petit-fils, Jacques de La Lande, connaît une fulgurante ascension sociale : écuyer de Catherine de Médicis, il épouse Geneviève de La Chapelle, dame de Trégomain, ce qui lui permet d’édifier en 1571 (date d’une pierre armoriée) un nouveau château et quatre tours marquant les angles des douves. Ce bâtiment était érigé dans le prolongement de l’actuelle bâtisse, mais, comme il disparut en 1877, le château actuel semble ainsi inachevé.
Le château du XVIIe siècle
En 1640, Florent de La Lande, petit-fils de Jacques, réalise une belle alliance matrimoniale par son mariage avec Jacquemine du Breil de Pontbriand, héritière d’une puissante famille de Pleurtuit. Ses 30 000 livres de dot peuvent probablement financer les trois quarts du coût d’un nouveau château, celui que nous connaissons. Le concepteur de l’aile de 1657 (date lisible au-dessus de la porte d’entrée principale), est Vincent Barleuf, chanoine de Saint-Augustin à Montfort, qui édifie également les châteaux de Perronay en Romillé (1653) et du Plessis-Botherel en La Chapelle (1655) : tous ces bâtiments sont influencés par le palais du Parlement de Bretagne (édifié entre 1618 et 1655), l’une des plus grandes réalisations du royaume de France d’alors.
L’édifice, asymétrique en raison de la présence du château de 1571, aurait dû se composer d’un corps de logis central prolongé par deux pavillons d’angle. Il comprend quatre niveaux desservis par un escalier en pierre rampe sur rampe ; dans la haute toiture à la française s’ouvrent des lucarnes passantes surmontées de frontons alternativement triangulaires et semi-circulaires, un trait italianisant, tout comme les bossages de la porte d’entrée et les discrètes gouttes sous les appuis des fenêtres de la façade orientale.
Du XVIIIe siècle à nos jours
À l’extinction de la lignée directe des La Lande, les Aubert, roturiers fraîchement anoblis issus du quartier Saint-Hélier à Rennes, ayant fait fortune grâce à leur commerce de chandelles, acquièrent le Lou en 1726. Leur famille modifie à peine le château, quelques boiseries et huisseries. Des documents graphiques montrent un probable jardin « à la française » dans l’actuel pré entre l’église et le lac, ainsi qu’une fuie devant le château, près de la grande rabine située dans son axe.
Les Freslon de La Freslonnière deviennent propriétaires de l’ancienne seigneurie vers le milieu du xixe siècle, mais ne l’occupent guère et laissent l’aile du vieux château s’écrouler en 1877 ; de même, une tour proche de l’étang était encore bien conservée jusque vers 1914, mais il n’en subsiste qu’un moignon.