Texte prononcé par Édith lors des obsèques de Marie

3 janvier 2018 – Église Sainte-Catherine (La Chapelle du Lou)

Marie, nous sommes réunis pour vous rendre hommage, à vous, l’enfant du Lou. Vous êtes née à La Ville-Piron et avez ensuite toujours vécu au château, que vos parents ont acheté en 1924. Votre père était à la forge, votre mère s’occupait du café, de l’épicerie et des animaux.

Votre scolarité s’est effectuée au Lou, puis à Montauban, où vous vous rendiez en vélo : selon vos dires, vous faisiez des envieux car tous les enfants n’avaient pas la chance d’en avoir un. Les vélos ont eu une place importante dans votre vie, puisque, par exemple, vous alliez à Rennes par ce moyen pour chercher vos provisions pour l’épicerie durant la seconde guerre : un Allemand vous l’a d’ailleurs volé, votre vélo, ce que vous ne lui avez jamais pardonné !

Durant deux hivers, vous êtes allée à Rennes et à Breteil apprendre la couture, mais vous préfériez être au château pour y servir la clientèle et vous occuper des animaux. Au décès de votre papa, en 1945, la forge passe à Jean Aubry jusqu’en 1958, année du décès de votre maman : vous restez alors seule à vous occuper du café, de l’épicerie, ainsi que des vaches et des volailles. Vous avez toujours aimé les animaux, des vaches pour le lait, des oies pour la garde (plus efficaces que les chiens !), et d’innombrables chats. On compte aussi, et surtout, des chiens, dont au moins un Turc, trois Patous, trois Brutus. Chose plus rare, vous avez domestiqué deux renards, amenés petits par des chasseurs, si câlins qu’ils venaient manger sur vos genoux.

Femme de caractère, c’est vous qui le dites, vous saviez assurer la paix dans votre café, où il n’y a jamais eu de bagarre : au besoin, vous pouviez tout de même sortir un client en le traînant par les pieds ! Vous avez nourri les enfants de l’école du Lou quand ils venaient manger lors de la pause de midi : ils devaient manger de tout, y compris de la soupe, sinon, pas de dessert, et ne devaient pas trop bouger partout, car vous les remettiez en place même si votre chien n’aimait pas ça et se mettait à gronder !

Marie, vous avez tenu votre commerce pendant plus de 55 ans, arrêtant progressivement l’élevage des vaches, puis l’épicerie lors du passage à l’euro. En 2013, votre santé défaillante vous a contrainte de quitter votre château, « ma maison » disiez-vous fort simplement. Par-dessus tout, votre chien vous a durement manqué…, mais vous saviez fort bien qu’il ne pouvait se rendre à la maison de retraite, où tout le monde, pensionnaires et personnel, vous connaissait. Car pour tous, Marie c’était le Lou, qui vous a faite citoyenne d’honneur à l’occasion de vos 90 printemps.

Au moment où, effet du progrès, le Lou fait partie de la nouvelle entité La Chapelle-du-Lou-du-Lac, ce qui vous faisait un peu maugréer, vous nous quittez. Mais, Marie, le cercle de vos amis dépasse largement les limites du Lou-du-Lac, où vous reposerez tout à l’heure avec vos parents : soyez certaine que dans toutes les mémoires vous resterez à jamais notre chère Marie du Lou.

 

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