Extrait de l’article publié par P. Guigon, R. Lecrocq et D. Turgis dans le Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, t. CVII, 2003, p. 99-144.
Les Aubert
Interrogé comme témoin lors du procès de 1779 entre les Botherel et les Aubert, Joseph Ruault, habitant la Ville-Louvet en Médréac, se souvint qu’en 1718, Henri Hingant de Saint-Maur (époux en 1720 de Françoise Botherel, fille de François Botherel[59]) faisait fermer la barrière du Plessis à clef parce qu’il était en froid avec « Monsieur de Lépinay qui se prétendait héritier de la terre du Lou ». En fait ce personnage, Guy de L’Espinay, seigneur de ce lieu en Saint-Malon et de la Motte en Longaulnay, était l’homme de confiance de Guy de La Lande ; en décembre 1701, agissant comme son procureur, il se rendit à l’abbaye de Chaloché pour y verser une rente de 1500 livres après le décès de René-Hyacinthe de La Lande, frère aîné de Guy. Ses prétentions sur le Lou venaient peut-être du mariage de son arrière-grand-père, Guillaume de Lespinay, seigneur de la Ville-Géloart en Saint-Pern, avec Guillemette de La Lande, dame du Lou[60].
À la mort sans postérité de Gabriel de La Lande en 1713, la châtellenie passa à sa sœur Renée-Geneviève, épouse de Claude-René de Guer, marquis de Pontcallec, dont elle était séparée civilement de corps et de biens ; morte à 65 ans au château du Lou en 1727, elle avait vendu le 18 août 1726 la châtellenie avec tous ses fiefs et dépendances pour 80 000 livres et 3000 livres de rente viagère à Guy-Pierre Aubert[61], lequel trouva immédiatement sur sa route Charles-Elisabeth Botherel (1678-1753). Tout l’opposait au seigneur de Bédée, conseiller au Parlement (1702), deuxième époux en 1716 de Marie-Thérèse-Raoul de La Guibourgère, veuve du conseiller Gabriel de La Lande, élu procureur général syndic des États de Bretagne (1720)[62]. Ce personnage voulut lui faire acquitter, dès 1726, les « lods et ventes des Fiefs du Lou » dépendant de la prévôté de Blavon en Bédée ; attaqué à la fois par Guy-Pierre Aubert et par le receveur général des domaines du roi, débouté en 1736, il s’appuya sur le duc de La Trémoille, possesseur de ce qui restait du comté de Montfort. Un arrêt du 14 août 1744 mit fin à la procédure en accordant le produit de la mutation aux enfants du défunt duc[63]. En janvier et avril 1766 deux états des juridictions rédigés pour l’intendant de Bretagne précisent que la juridiction du Lou-du-Lac, appartenant à Monsieur Aubert du Lou, dépendait en partie de la subdélégation de Montfort où elle s’exerçait à Blavon, à cause de la dépendance au comté de Montfort, et en partie de celle de Montauban, où elle s’exerçait « dans l’auditoire y construit à cet effet »[64].
Les Aubert présentent un rare exemple d’une famille commerçante qui, anoblie et choisissant à bon escient une stratégie matrimoniale conquérante, quitta toutes ses activités mercantiles et politiques pour se retirer dans ses nouvelles terres. Guy Aubert, petit-fils d’un cierger de Rennes mort en 1629, fils de Julien Aubert, de même profession, naquit à Rennes le 8 novembre 1640 ; marchand de draps, sieur de Sauvé (maison et ferme situées à Rennes dans le faubourg de la Guerche), il acquit le 27 novembre 1690, pour 29 000 livres, la charge anoblissante de secrétaire du roi en la chancellerie du Parlement de Bretagne et décéda à Rennes le 19 août 1712. De son mariage en 1664 avec Françoise Ruellan, fille d’un marchand de drap de soie, il eut Guy-Pierre Aubert, né à Rennes le 24 décembre 1674, avocat en la Cour, conseiller au Présidial de Rennes pourvu le 6 août 1699, qui acquit le château du Lou où il mourut le 11 juillet 1743 : son corps fut partagé entre l’église du Lou et les Jacobins de Rennes. Son fils né en 1703, Guy-Jean Aubert, écuyer, seigneur du Lou et de Trégomain, conserva la même charge rennaise que son père : conseiller du roi alloué et lieutenant-général civil et criminel en la sénéchaussée et siège présidial de Rennes, il décéda le 30 juillet 1749 (sa succession avait été estimée en 1745 à 218 000 livres). Il épousa en premières noces, le 2 octobre 1700, Thérèse-Patrice Bourdays, fille d’un greffier en chef du Présidial et échevin de Rennes, puis en secondes noces, le 11 octobre 1743, Marie-Judith Picquet de La Motte (1729-1777), héritière d’une lignée de commerçants anoblis à la fin du xviie siècle. De ce mariage naquit, entre autres enfants, le 17 octobre 1744, Guy-Marie-Joseph Aubert, mousquetaire du roi, seigneur du Lou et de Trégomain où il préféra « vivre en gentilhomme dans son vieux château à l’écart des bruits de la ville » jusqu’à sa mort, le 13 septembre 1784 ; il épousa le 18 mars 1770 Reine-Thérèse-Guillemette Le Clavier de Miniac (décédée le 7 mars 1830), issue d’une famille de vieille tradition de robe anoblie en 1655 et alliée aux Picquet de La Motte, dont il eut Marie-Jeanne-Thérèse (Rennes, 15 août 1775, Vignoc, 20 août 1836) et Guy-Louis-Charles Aubert (le Lou, 6 septembre 1781, décédé le 14 novembre 1820)[65].
L’environnement du château au XVIIIe siècle
Les avenues
Le château était desservi par deux avenues, l’une secondaire à l’ouest, dite en 1687 « la rabine de la Croix au Lou »[66], l’autre principale à l’est dénommée par le cadastre de 1835 L’esplanade ; cette dernière, reliant le château à la route de Bédée à Landujan via le Plessis-Botherel, permettait également l’accès à la voie royale entre Rennes et Brest et menait aussi au bourg de la Chapelle, considéré en 1779 comme « le bourg du Seigneur du Lou ». Ces avenues étaient bien moins monumentales que la grande rabine du Plessis-Botherel aménagée à partir de 1676 par François Botherel, qui l’évoqua avec délectation dans le Mercure de France en novembre 1695 ; longue de 3 km, elle comportait dans un rond-point à mi-parcours un buste en bronze de Louis xiv entouré de quatre statues en pierre de Taillebourg représentant la Religion, la Justice, la Victoire et la Renommée, œuvres du sculpteur rennais François Delabarre. Outre leur aspect utilitaire, possédant un statut public ou privé source de chicanes innombrables, ces rabines modernes, larges et rectilignes, plantées avec symétrie à la différence des vieux chemins tortueux, symbolisent le pouvoir de leur propriétaire en magnifiant sa puissance. Toutes ces avenues sont figurées sur deux plans, le premier levé vers 1781 à partir du Plessis-Botherel, le second datant probablement des années 1782-1787 et centré sur la forêt de Montauban[67]. Les Aubert, qui avaient initialement peu d’attaches avec le Lou et partageaient leur temps entre leur château et Rennes, tout en restant très fermes sur leurs droits vis-à-vis des de Botherel, reprirent une longue tradition de chicanes héritées des de la Lande. La période allant de 1646 à 1765 bruit de leurs querelles à propos de tenures, en dépit de condamnations des deux bords par la justice de Montauban et en appel par celle de Rennes, et de transactions à l’amiable sans lendemains. Les droits de passage furent une source sans cesse renouvelée de disputes, traversant les siècles. Ainsi Guy de la Lande, contournant une barrière en bois qui barrait l’avenue du Plessis-Botherel et endommageant du même coup les cultures de François Botherel, effectua un bref séjour en prison entre les 4 et 13 juin 1682 ; il est vrai qu’il avait de surcroît insulté Madame Botherel en l’église de La Chapelle, à qui il dut présenter ses excuses[68]. Les mêmes causes produisant les mêmes effet un nouveau procès, d’une toute autre ampleur, s’ouvrit entre les Aubert et les Botherel à partir des événements du 3 avril 1777 : « Le sieur du lou, pressé par un motif de recrimination, a intenté au sieur de Botherel un procès sur la propriété des avenues de son chateau ; sa vengeance a pour motif un procès au possessoire pour le même objet ou il a succombé. Le sieur et la dame du Lou passant un jour en voiture par les avenues du plessix, virent leurs chevaux et leur voiture arrêtés à la barrière d’une de ces avenues qui conduit au chemin de la chapelle du lou. ils durent descendre de leur voiture, et prendre a pied le chemin de leur château ; mais dans la nuit suivante le sieur du lou fit renverser la barrière qui avoit empeché le passage de sa voiture et en fit arracher tous les potaux ; il a du depuis s’excuser de cette violance sur la malhonnêteté avec laquelle on l’avoit laissé arrêté a cette barriere sans lui ouvrir. mais ce prétexte etoit imaginaire puisqu’il fut prouvé dans le procès au possessoir qui survint, que le sieur du lou ayant envoyé son domestique chercher la clef de la barriere au chateau du plessix, le sieur chevalier de Botherel, qui s’y trouvoit seul alors, revint avec cet envoyé saluer mr et madame du lou, qu’il les pria de descendre et de venir au château, qu’il leur dit qu’il venoit d’envoyer chercher son frère qui avoit la clef, et qu’il ne tarderoit pas. il est prouvé que le sieur et la dame du lou sans faire attention a la demarche honnete du sr chevalier de Botherel, ne s’en crurent pas moins offensés, et qu’étant descendus brusquement de la voiture ils avoient pris le chemin de leur chateau à pied. mais le sieur dulou ayant fait dans la nuit suivante renverser la barrière ; et le sieur de Botherel en ayant été averti, celui cy mit sa plainte ; et le sieur dulou fut condamné de retablir la barrière avec defense a lui de toucher sa pareille faute a l’avenir. Voilà le principe de la recrimination du sr du lou, condamné au possessoire, l’espoir de la vengeance l’a ramené dans la lice ; il s’est pourvu au petitoire ; votre avenue est un chemin public a-t-il dit au sieur de Botherel, j’ay le droit d’y passer. En conséquence, on vit paroitre une longue requête le 27 octobre 1777 qui ouvrit la trame d’un procès long et serieux ».
Pour tâcher d’éclairer cette affaire complexe dont le simple résumé couvre dix pages en grand format d’une écriture petite et serrée, un « Plan topographiques des terres du Plessix Botherel, et des environs, pour servir à l’intelligence du procès, d’entre Monsieur de Botherel, et de Monsieur du Lou » fut levé par un ingénieur anonyme et gravé par Antoine-François Ollivault (Rennes, 9 janvier 1732, Rennes, 14 septembre 1815). Ce fils du graveur rennais François-Antoine Ollivault (1700-1780), formé par son père puis par Jean Striedbeck (1707-1772), graveur d’ex-libris de Strasbourg, était devenu célèbre en 1765 en raison d’une gravure satirique réalisée lors de l’Affaire de Bretagne ; elle lui valut l’emprisonnement mais lui assura par ailleurs la protection de la noblesse bretonne. Graveur expert ordinaire du siège de la Monnaie de Rennes en 1773, graveur officiel de la commission de navigation intérieure des états de Bretagne en 1783, auteur de nombreux ex-libris, il grava la carte de la Vilaine et de la Mayenne (1779) et celle des rivières et canaux projetés de Bretagne (1785), ainsi que les plans des villes de Rennes (1783), Guingamp (sans date) et Redon (1788)[69]. La datation du plan des terres du Plessis-Botherel, levé en toises à l’échelle d’environ 1/7300, mesurant 64 cm sur 28,5 cm, 37 cm avec la légende imprimée, est incertaine. Néanmoins la légende précise qu’une « descente » sur le terrain fut effectuée en 1781 ; de surcroît le onzième livret du procès verbal du 20 octobre 1781 rappelant la sentence du 12 juin 1779, ordonna que les experts déterminent l’état, la situation, l’étendue et la consistance des lieux. Le plan remonte donc aux environs de 1782.
Signalé par Arthur de La Borderie et Louis de Villers, qui ne l’exploitèrent dans leur travail commun de 1895 que pour le seul château de Montauban, un ancien plan fut retrouvé en mai 1987, protégé par des journaux de 1935 dans les combles d’une tour par Michael Ontrup[70] ; mesurant 0,92 m sur 1,85 m, dressé à une échelle voisine de 1/4 485, il s’intitule « Plan de la Forest de Mautauban / [Offer]t A son Altesse Serenissime Monseigneur le Prince de Guemenee / Duc de Montbazon Pair de France Comte de Mautauban ». Sous ce titre écrit en lettres capitales se trouve un texte concernant la superficie de la forêt, trois lignes écrites en minuscules, lacunaire en raison de l’état de conservation du document, aux larges marges noires presque partout absentes, et qui présente par ailleurs des manques importants : « [Plusieurs mots illisibles ma]rquees les Pieces de terre Rivraines qui Reglent ses limites, leurs aires [?], ceux des Particuliers qui les possedent, et les forestiers [ ?] dont [plusieurs mots illisibles] Elle contient un Côté [?] de Bretagne [?], [mot illisible] Cordes de pourtour, ou cinq [mot illisible] un dixieme. Et [mot illisible] journal 9 [mot illisible] journal 4 Cordes [lacune et plusieurs mots illisibles] de B[retagne ?] [plusieurs mots illisibles] qui sont de [mot illisible] et [mot illisible], un [mot illisible] qui la seigneurie de Montauban [? [mots illisibles] de la ditte forest, bosquets [mots illisibles] ».
Le plan, composé sur un papier-chiffon avec des encres de divers couleurs, noire pour les traits, rouge pour les constructions de surcroît ombrées (soleil au nord-ouest), et verte pour la végétation, est marqué de l’écu aux neuf macles des Rohan et surmonté d’une couronne princière ; le personnage à qui il est dédié pourrait être Jules-Hercule-Mériadec de Rohan (1726-1800), duc de Montbazon, prince de Guémené, comte de Montauban à partir de 1757 et qui l’était encore quand son fils Henri-Louis-Marie (1745-1809) fut déclaré en faillite en raisons de ses dépenses inconsidérées. La « Sérénissime banqueroute », selon le mot du marquis de Villette, du 17 octobre 1782 fut réglée par un arrangement de Louis xvi après deux arrêts du Conseil le 13 août 1786, l’État se rendant acquéreur du château et des terres de Montauban[71] ; le plan fut peut-être levé à l’occasion de cet épisode, afin de déterminer précisément l’emprise foncière des Rohan. Le plan montre la forêt exactement comme en 1808, année du premier cadastre de Montauban[72], ce qui pourrait être un argument chronologique pour le rapprocher de la charnière des XVIIIe et XIXe siècles ; cependant la forêt n’a presque pas été modifiée jusqu’à nos jours. Se distingue également l’angle de la route plantée d’arbres menant de la Croix-du-Lou au Moulin du Lou, ainsi que la route conduisant de la Croix-du-Lou aux Vieux-Villes et à la forêt ; l’avenue faisant face au château n’est par contre guère visible.
Les avenues et routes sont représentées, à une époque assez voisine, sur la carte de Cassini. Le réseau ne diffère guère de celui représenté sur les plans précédents.
Les jardins
Sur le plan de Montauban deux rectangles noirs tracés derrière l’aile nord du château, emplacement dénommé par le cadastre de 1835 « Le parterre », représentent peut-être des jardins. Au-delà de cette parcelle, hors les douves et jouxtant la Rive, s’étendait un parc, entretenu en mai 1705 par Nicolas Hamon qui reçut 40 sols pour 10 journées au « jardin » et 4 pour « la maison » ; en 1793, selon le registre de l’état-civil, le jardinier Guillaume Janvier demeurait au château[73]. Ce parc ressemblant, aux différences d’échelles et de moyens près, à celui du Plessis-Botherel, se composait de deux parcelles dénommées en 1835 « Le grand jardin » et « Le haut jardin » ; elles semblaient encore séparées à cette époque par une probable clôture végétale dans laquelle était aménagée une niche ouverte vers le levant et communiquant vers le couchant avec un petit espace rectangulaire clos. Trois avenues le bordaient sur trois côtés, celui de l’est demeurant ouvert sur le lac ; alors que l’avenue de l’ouest évoque plus un étroit chemin, celles des grands côtés, au nord et au sud étaient rectilignes, beaucoup plus monumentales, très certainement arborées. Une planche de l’album de F. Lorin sur laquelle est inscrite au crayon et à l’envers « Vue du chateau du lou » montre plusieurs petites scènes dans lesquelles évoluent des personnages se promenant paisiblement, d’autres se reposant, un garçon portant un petit seau, ainsi que des palmipèdes nageant près d’une possible corbeille à linge : est-ce trop s’avancer que d’y voir des représentations de loisirs champêtres au bord de la Rive ? Sans doute faute de moyens nécessaires à son entretien, la mode étant par ailleurs passé des parcs à la française, le jardin fut transformé en champ et loué à un agriculteur vers 1850[74].
Les constructions proches du château
La Basse-Cour, en forme de L sur le plan d’Ollivault et sur le cadastre, un simple rectangle sur le plan de Montauban, se trouve au bord sud de l’avenue, symétriquement placé par rapport à une fuie circulaire également cadastrée mais qui a disparu depuis 1835, et qui portait « une sorte de litre ». Elle était proche du « Puits du bocage », rasé en 1992 et dont le soubassement de granite employait des blocs moulurés ; ces pierres semblent chronologiquement proches de celles couronnant le pilier marquant l’accès oriental à l’église. À l’est de la fuie et au nord de la rabine principale se trouvait un bassin rectangulaire mesurant environ 25 m de longueur pour 12 m de largeur, un possible vivier dont l’alimentation en eau apparaît cependant énigmatique ; comblé dans les années 90, il n’en subsiste aucune trace.
Figure 18 : le « Puits du Bocage » (cliché Raymond Lecroq, vers 1985)
Sur le plan d’Ollivault l’église, qui ne paraît pas entourée de son cimetière, correctement placée hors des douves, n’est figurée que sous forme d’un simple rectangle ne présentant pas de différences entre la nef et le chœur orienté à chevet plat et ne montrant pas la sacristie ; par contre le plan de Montauban la dessine entourée par son cimetière, marqué par un semis de croix grecques, en forme de croix latine avec un transept sur les croisillons duquel s’articulent deux chapelles orientées encadrant un chevet plat.
À l’ouest du château la « Métairie de la Croix » (du Lou) dont François Daunay était le fermier en 1669[75], comporte deux constructions d’après le plan de Montauban, trois d’après Ollivault qui indique de surcroît la soue existant encore actuellement. La croix éponyme représentée sur une petite éminence contredit l’hypothèse de l’abbé Méance, qui pensait qu’elle ne remontait qu’au recteur Jean-Marie Regnault (1862), en même temps que le calvaire en bois du cimetière ; ce dernier, maintenant en pierre, est installé sur un socle remployant un bloc de calcaire coquillier mouluré (longueur : 0,45 m ; largeur invisible ; épaisseur : 0,09 m) provenant vraisemblablement d’un pilier détruit château du xviie siècle[76].
Vers le nord et hors les douves, entre une rabine placée sur un axe nord/sud et le bourg de la Chapelle, une parcelle appelée en 1835 « Le champ de foire » servait, d’après l’aveu d’Anne de Rohan du 26 mars 1681 à « l’assemblée et foire du Lou, aux jours S. Laurans et S. Barthelemy », respectivement les 10 et 24 août[77] ; les statues de ces deux saints sont placées dans l’église paroissiale, au-dessus de l’autel sud de la nef.
Les bois de justice patibulaire, à quatre pots lors de l’érection du Lou en châtellenie en octobre 1637, étaient implantés à une cinquantaine de mètres au sud de la rabine principale, environ au moitié de sa longueur ; le cadastre de 1844 de Bédée y appelle encore une parcelle « La justice ».
Au nord du château le moulin du Lou, rapportant 80 livres à Gabriel de la Lande en 1710[78], était situé sur le Ruisseau du Moulin du Lou, sortant de la Rive et figuré par le plan d’Ollivault par des pointillés entre le château et la Basse-Cour. Les douves, alimentées en eau par le lac et le Ruisseau du Moulin du Lou, sont figurées de façon réaliste par le plan de Montauban, larges et aux angles arrondis. Deux ponts franchissent les douves, l’un à l’est, le plus large et ouvrant vers l’avenue principale, marqué de deux piliers monumentaux démolis pour servir à la construction de la forge du XXe siècle, et l’autre à l’ouest, secondaire et plus étroit, encadré par un « porche ». Selon le plan de Montauban les douves n’auraient pas existé entre l’église et le château, ce qui est une erreur manifeste ; un troisième pont menait de la Basse-Cour au cimetière, ouvert sur l’esplanade par un étroit passage aménagé entre les deux bâtiments à usage agricole situés dans la cour et dont les soubassements moulurés des piliers se voient encore. Ce dernier accès fut une pomme de discorde au XIXe siècle : « le pont communiquant et servant de servitude, avec [le] jardin, est tombé en 1882 et le fermier de la Croix du Lou, s’est opposé à son relèvement, pour vexer les fidèles qui y passaient en venant de l’église, ou ceux qui allaient puiser l’eau du puits du Bocage. Il va être relevé prochainement, dit Mlle de Freslon ». Le conseil municipal, indigné que la propriétaire du château ait osé créer vers le sud une sortie « jusqu’ici inconnue » sur le chemin public menant à l’église et au cimetière, en recouvrant la douve d’un plancher, engagea un procès en mai 1885 et le perdit en 1889[79].
[59] Frotier de La Messelière, H., 1912-1924, op. cit., t. III, p. 93.
[60] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E b 69 (papiers de la famille Botherel du Plessis, procès contre Aubert du Lou) ; Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E l 16 (papiers de la famille de la Lande, rente de 1 500 livres versée à l’abbaye de Chaloché, diocèse d’Angers) ; Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 5 Mi 165 R1546 (registres des baptêmes, mariages, sépultures du Lou-du-Lac) ; Banéat, P., 1927, op. cit., t. IV, p. 82 ; Floury, J., et Lorant, E., 2000, op. cit., t. II, p. 932 ; Hozier, C. d’, 1930, op. cit., t. I, p. 233 ; Potier de Courcy, P., 1970, op. cit., t. I, p. 362-363.
[61] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C 3776.
[62] Kerviler, R., 1904, op. cit., t. IX, p. 308 ; La Borderie, A. de, « Essai d’histoire féodale. Les sires du Quémenet-Héboi et du Pontcallec », Revue de Bretagne et de Vendée, 6e année, 2e série, t. II (t. III de la collection), 3e livraison, septembre 1862, p. 229 ; Saulnier, F., 1991, op. cit., p. 117, n° 131.
[63] Mémoire pour Monsieur le Duc de la Trémoille, Pair de France, Comte de Montfort, intervenant & apellant, contre le Procureur Général du Domaine du Roy, et le Sieur Aubert, Acquéreur des Fiefs du Lou, intimés. De la cause, Monsieur le Président de Bédée, apellant, Rennes, J. Vatar, 1741 ; Mémoire pour le Sieur Jean-François Laroze, Tuteur onéraire des Enfans Mineurs de feu Monsieur le Duc de la Tremoille, Pair de France, Comte de Montfort, intervenant & apelant de Sentence du Présidial de Rennes du 12. juillet 1736. Contre le sieur Receveur Général du Domaine du Roi, & le sieur Aubert, conseiller honoraire au Présidial, intimés. Monsieur le Président de Bédée, appellant de la même Sentence et Monsieur le Procureur Général, Rennes, J. Vatar, 1743 ; Factum pour écuyer Guy-Pierre Aubert, conseiller honoraire au Présidial, intimé. Contre Messire Charles-Elisabeth Botterel, Seigneur de Bédée, Président Honoraire aux Enquêtes & Procureur Général Syndic des Etats, appellant de sentence du Présidial de Rennes du 12 juillet 1736, le Sr Jean-François la Roze […], Rennes, 1743 ; Mémoire pour Monsieur le Président de Bédée, appelant. Contre le sieur Aubert du Lou, alloüé de Rennes, héritier de ses père & mère. Et les Receveur Général & Fermier du Domaine du Roy, intimez, Et de la cause, le Tuteur onéraire des enfans de feu M. le Duc de la Tremoille, comte de Montfort, intervenant & appelant, Rennes, J. Vatar, 1744.
[64] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C 1818 (état des juridictions royales et seigneuriales s’exerçant dans l’étendue des subdélégations de […] Montauban, Montfort […] en 1766).
[65] Aubert de Trégomain, Georges, Notice polygraphiée sur la famille Aubert de Trégomain, c. 1955 ; Courville, Loïc de, « La chancellerie près le Parlement de Bretagne et ses officiers (suite). Troisième partie, Liste alphabétique des officiers de la chancellerie », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique du Département d’Ille-et-Vilaine, t. CI, 1998, p. 124, n° 11 ; Frotier de La Messelière, H., 1912-1924, op. cit., t. i, p. 49-50, t. iv, p. 122 ; Jarnoux, Philippe, Les bourgeois et la terre. Fortunes et stratégies foncières à Rennes au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, p. 69-71 ; Jarnoux, P., La noblesse bretonne au XVIIIe siècle : les tiraillements de la modernité, dans Noblesses de Bretagne du Moyen Âge à nos jours. Actes de la journée de Guingamp le 22 novembre 1997, sous la direction de J. Kerhervé, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Institut culturel de Bretagne, 1999, p. 187 ; Kerviler, R., Répertoire général de bio-bibliographie bretonne. Livre premier. Les Bretons, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, t. I, 1888, in-8°, p. 311-312 ; Potier de Courcy, P., 1895, op. cit. ; Potier de Courcy, P., 1970, op. cit., t. I, p. 21, 255, t. II, p. 384-385 ; Saulnier, F., Notes généalogiques sur des familles bretonnes (famille Aubert du Lou, de Trégomain), Bibl. municipale Rennes, ms 1179 (1 Mi 93) ; Saulnier, F., 1991, op. cit., t. I, p. 240-242.
[66] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E b 67 (papiers de la famille Botherel du Plessis, procès contre Aubert du Lou).
[67] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E b 69 (papiers de la famille Botherel du Plessis, procès contre Aubert du Lou) ; Amiot, Christophe, Les avenues, dans Arbres remarquables en Ille-et-Vilaine, Rennes, Apogée, 1997, p. 95-97 ; Guigon, P., La Chapelle-du-Lou, dans Le patrimoine des communes d’Ille-et-Vilaine, Charenton-le-Pont, Flohic, 2000, in-8°, t. ii, p. 948 ; La Borderie, A. de, et Villers, L. de, 1895, op. cit., p. 278-280 ; La vie de château en Bretagne au XVIIe et XVIIIe siècles. Catalogue de l’exposition présentée au château de Kerjean, 1991, p. 58 ; Pocquet du Haut-Jussé, B., « Les aventures d’une statue, 1685-1852 », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. I, 1920, p. 229-234 ; Turgis Saget, Dominique, « La barrière du Plessis Botherel », Glanes en Pays Pourpré, n° 57, décembre 1999, p. 8-14 ; Turgis, Dominique, « 100 ans sous le joug des de Botherel », Glanes en Pays Pourpré, n° 64, 3e trim. 2001, p. 13-18 ; Turgis, D., « 100 ans de circulation autour du Plessis Botherel », Glanes en Pays pourpré, n° 65, 4e trim. 2001, p. 9-13.
[68] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E b 68.
[69] Bourde de la Rogerie, H., 1998, op. cit., n° 02197, 06830 ; Mauger, Michel, Un graveur breton de talent : Antoine François Ollivault (1732-1815), dans Charpiana. Mélanges offerts à ses amis par Jacques Charpy, Rennes, Fédération des Sociétés savantes de Bretagne, 1991, p. 185-197 ; Mauger, M., « La gravure à Rennes au XVIIIe siècle », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique du Département d’Ille-et-Vilaine, t. XCVIII, 1995, p. 111-165.
[70] Banéat, P., 1927, op. cit., t. II, p. 423 ; Bouts, Michel, Montauban, histoires d’un château-fort des Marches de Bretagne, Mayenne, impr. de la Manutention, 1992, La Borderie, A. de, et Villers, L. de, 1895, op. cit., p. 298.
[71] Bunouf, M., 1983, op. cit., p. 85 ; Frotier de la Messelière, H., 1912-1924, op. cit., t. IV, p. 663-664 ; La Chesnaye-Desbois, et Badier, Dictionnaire de la noblesse, Paris, Schlesinger, 1872, 3e éd., t. XVII, col. 512-514 ; Mauny, M. de, 1969, op. cit., p. 69-75.
[72] Arch. com. Montauban-de-Bretagne, 1 G 32.
[73] Arch. com. Lou-du-Lac, registres de l’état-civil (depuis le 11 janvier 1793).
[74] Méance, M., 1884, op. cit., p. 157.
[75] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E l 16 (papiers de la famille de la Lande, acte de démission de René-Hyacinthe de la Lande en faveur de son frère le 31 octobre 1669).
[76] Banéat, P., 1927, op. cit., t. II, p. 303 ; Guillotin de Corson, A., 1884, op. cit., t V, p. 103 ; Guigon, P., 2000, op. cit., t. II, p. 949 ; Méance, M., 1884, op. cit., p. 156.
[77] Duval, M., Foires et marchés en Bretagne à travers les siècles, Elven, Breizh, Hor Bro, 1982, p. 130.
[78] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E l 16 (papiers de la famille de La Lande, « Etat des fermes de la seigneurie du Lou suivant l’état que le seigneur de ce lieu m’a mis en main le 15e avril 1710 »).
[79] Arch. dép. Ille-et-Vilaine, G (registre de délibérations du conseil de fabrique du Lou-du-Lac, 27 janvier 1763 – 5 mars 1792) ; Méance, M., 1884, op. cit., p. 157.